Les Aurores Pourpres

20,50 €

BROCHÉ 

Stephan Cailleteau

 

    Dès lors que la fuite devient une impérieuse nécessité, la désertion, un acte salvateur, plus rien ne peut entraver la volonté d’ailleurs. Fuir, déserter, partir pour une autre vie puisque celle qui vous est imposée n’en est plus une.

     Gabriel Mercier, homme bancal, type ordinaire parmi des millions, n’hésitera pas à prendre la mer depuis les docks du Havre vers sa terre de cœur qu’il connaît pourtant si mal. Durant son aventure, il connaîtra mille vies, mille sensations, tant d’âmes splendides et d’événements bouleversants.

      Seul ou presque, face à ses contradictions et ses angoisses, il découvrira une force intérieure insoupçonnée, une détermination hors du commun dans un « road trip » sans retour, si loin des chemins de la raison.

     

Fiche technique

Auteur
Stephan Cailleteau
Genre
Roman
Nombre de pages
243
Dimension
152x229
ISBN
978-2-38460-020-5
Date de parution
mai 2022

     Le véhicule freina pour se mettre totalement à l’arrêt, à environ deux cents mètres de Gabriel. Les rayons délicats du soleil qui caressaient la vallée en frôlant les crêtes des montagnes, lui faisaient vivre l’épilogue de son errance à contre-jour. Il ne distingua pas de suite, la nature de ce véhicule et encore moins les intentions de ses occupants. Sans doute que dans l’habitacle, prudence oblige, la même méfiance se jouait, alors. Gabriel pouvait aussi être perçu comme une menace, à cette distance-là. Qu’est-ce qu’un homme seul, à une heure aussi matinale, pouvait bien trafiquer, au milieu des champs désertiques de la vallée ? Gabriel saisit que pour les gens d’en face il pouvait, de facto, constituer une menace. Il eut donc la sagesse de se mettre à genoux sur le sol rocailleux, mains en l’air. Il leva les yeux vers le ciel iridescent qui agrégeait pourpres et bleus profonds. L’air vivifiant de la vallée caressa son visage. Un vent léger pénétra ses cheveux. Il rendit grâce, non pas à un Dieu, mais à la beauté des choses, à la splendeur de ce monde, qui sans contrepartie s’évertuait, depuis la nuit des temps, à offrir ce qu’il avait toujours été : une fresque fragile, sublime et sauvage, un spectacle saisissant et prodigieux, un présent perpétuel et immérité, une offrande inaltérable à l’indignité des hommes.  

     Les premiers rayons de soleil coiffaient la vallée d’une lumière douçâtre et dorée. Le véhicule se remit en route, se rapprochant lentement de Gabriel qui levait toujours les mains, à genoux, s’en remettant totalement au hasard, au destin, à la providence. Peu importe finalement le vocable dont on affuble l’incertitude dans ces instants où tout peut basculer dans un sens ou dans l’autre, ce qui importe vraiment, c’est le fait, pas sa qualification. Gabriel plissa les yeux pour accommoder sa vue éblouie par la lumière rasante du matin. Il distingua assez rapidement que ce véhicule ne fût pas un pick-up sombre arborant les habituels drapeaux propagandistes, politico-religieux jaunes ou verts. Il se remit debout, en position d’homme libre et digne. Ce grand SUV blanc portait des inscriptions sur son capot, deux grandes lettres bleu ciel indiquaient « U.N ». United Nations.

     Gabriel, submergé d’émotion, comprit que son calvaire venait de prendre fin. Ses larmes dans le soleil levant étincelaient, le véhicule se stoppa quelques mètres devant lui, deux personnes en sortirent aussitôt. La femme qui conduisait et l’homme à ses côtés descendirent prestement du véhicule, pour se porter sitôt à sa hauteur ; c’est elle qui parla la première, dans un discret accent anglais, tout en souriant, elle demanda sans l’ombre d’un doute :

  Hey… Bonjour…, vous êtes Gabriel Mercier, n’est-ce pas ?

     Gabriel acquiesça en opinant deux ou trois fois, il sourit à cette femme, en pensant plaisamment, que ce fut à peu de chose près, la même question que posa l’explorateur Henry Morton Stanley au docteur David Livingston en novembre 1871, près du lac Tanganyika, dans sa célèbre et géniale interrogation emplie de classe et d’humour : « Docteur Livingston, je présume ? ».

     Les bienfaiteurs de Gabriel déclinèrent leur identité :

  Mon nom est Paige Miller, je suis la responsable logistique du camp de la Bekaa, et cet homme près de moi, il s’appelle Terry Forester. C’est un médecin.

  Nous sommes des collègues, des amis de Charles Aoun et de Maxime Granger, de Massoud je veux dire…, ajouta Terry, le regard compatissant devant l’état de dénuement de Gabriel.

  Je vous en prie, montez Gabriel, installez-vous, le cauchemar est terminé, on vous ramène… Ah, oui, il y a des bouteilles d’eau à l’arrière, servez-vous, lui indiqua Paige

  Comment saviez-vous où je me trouvais, s’interrogea Gabi avant de monter.

  On n’en savait rien Gabriel, on ne savait pas… répondit Terry, ce que l’on savait depuis des jours c’est ce qu’il vous était arrivé à Massoud et vous lors de votre tentative pour nous ravitailler. Joël nous avait envoyé une photo de vous, au cas où…, mais votre visage et celui de Massoud tournaient déjà depuis plusieurs jours, sur les chaînes d’infos libanaises et les réseaux sociaux. Pas trop difficile de vous reconnaître. Quand nous vous avons aperçu au loin, nous revenions d’un village, au pied des montagnes. 

 

 

  

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