La Marque des Loups

20,50 €

BROCHÉ 

Brigitte Hue-Pillette

Victor a dix ans, il ne parle pas, diagnostiqué atteint du syndrome d’Asperger, il semble condamné à vivre seul avec Valentina, son assistante de vie scolaire.

Pourtant, lorsque Valentina est suspendue de ses fonctions, la mère de Victor n’a d’autre choix que de l’envoyer, accompagné de ses grands-parents, à la campagne, chez une grand-tante.

Mais une fois là-bas, c’est une toute autre famille qu’il va découvrir.

Fiche technique

Auteur
Brigitte Hue-Pillette
Genre
Roman
Nombre de pages
211
Dimension
152x229
ISBN
978-2-38460-032-8
Date de parution
Mai 2022

         Les deux louveteaux gisent sur le côté, sans réaction.

         Doucement, Nora les prend et les rapproche de la fourrure de leur mère. Elle me prend par la main.

         Je m’approche, fasciné par les yeux dorés de l’animal. Nora place mes mains sous les siennes.

— Sens, sens ce qu’elle ressent, oublie qui tu es, sens, elle est en toi, et tu es en elle, elle est toi et tu es elle, tu es loup, tu as le signe du loup… me souffle-t-elle doucement.

         Nora s’écarte de la louve qui gémit. Je n’écoute pas ce qu’elle dit. Ses mots s’estompent dans un brouillard, je glisse vers une semi-conscience.

          Je place mes mains en cornet sur les flancs de l’animal qui battent la chamade. Son cœur s’accélère, je ressens la peur, l’émotion, les frontières de mon corps deviennent floues, mon ventre se met à battre au rythme de celui de la louve, qui doucement me fait une place.

          Je rentre dans son esprit comme on glisse dans l’eau. En un flash, je sens les odeurs corporelles et les fluides des bébés à peine nés.

         Incrédule, je me secoue, je résiste, ce n’est pas possible, je suis un homme, je ne peux pas… devenir un loup ! Un troisième bébé s’engage vers la vie.

          Je presse comme j’ai vu Nora faire, et je guide le petit vers la délivrance de sa mère. La louve darde sur moi ses yeux mi-inquiets, mi-confiants, puis sous mes doigts qui l’accompagnent, elle a plusieurs contractions, comme des vagues, qui emportent le louveteau vers ses frère et sœur.

          Il atterrit sur le lit de branchages mouillés par les eaux des premiers-nés. La louve ronge le cordon et avale le placenta, avant de retomber, épuisée par ses efforts.

          Les louveteaux gisent, couchés auprès de leur mère qui, peu à peu, reprend conscience et entreprend de les lécher 144 totalement.

         C’est leur premier contact avec le monde, une toilette maternelle, une langue chaude qui passe sur tout leur corps, un partage de chaleur et de sensations.

         Leur débarbouillage fait, ils se mettent debout, maladroitement, oscillant sur leurs pattes grêles. Ils se dirigent vers ses mamelles, qu’elle leur présente. Ils tètent goulûment. Le dernier ne bouge pas. Il n’a pas survécu, mal formé, trop petit. Elle tend son museau vers lui, le flaire, lui soulève la tête qui retombe, donne des petits coups.

         Puis, devant son absence de réaction, elle se détourne du petit cadavre. Elle allonge son corps et laisse les deux petits téter.

         Elle me regarde sans manifester de recul. Nora me fait un signe, elle écarte doucement la tête du bébé mort et me désigne une tache sur son encolure, juste derrière l’oreille droite.

         La tâche forme une marque distincte, plus foncée sur le pelage marron clair.

— Regarde, il porte la marque du loup, la même que celle que tu as sur l’épaule, il sera ton guide…

 

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