L'Ange des Sept Mers: T1 - Quand le passé scelle le destin
BROCHÉ
Sandrine Barbier Lombardy
France 1720.
Le château de Carladès, assailli par une horde de cavaliers sanguinaires, est incendié. La seule rescapée est la petite Émilie. Fille unique du Comte et de la Comtesse de Langeac, elle est recueillie par son oncle, le Vicomte de Fontmarcy, avec qui elle grandira entourée de ses cousins, sans se soucier de son tragique vécu.
Des années plus tard, lorsqu’elle fait son arrivée à la cour de Louis XV, sa présence ne fait pas l’unanimité. Rattrapée par son passé, certains sont prêts à la voir disparaître. Poussée à l’exil, Émilie quitte la France à travers les océans, aidée par Armand, le Comte de Montreux et capitaine du navire l’Atlas, en quête d’un nouveau destin.
Que lui réservera ce nouvel avenir semé de rencontres inattendues et de défis ?
Fiche technique
- Auteur
- Sandrine Barbier-Lombardy
- Genre
- Roman
- Nombre de pages
- 304
- Dimension
- 152x229
- ISBN
- 978-2-38460-044-1
- Date de parution
- mai 2022
Émilie était trop préoccupée par la journée qu’elle avait passée pour se concentrer sur sa lecture. Il y avait d’abord eu cette fabuleuse réflexion de la part de Sébastien : il la trouvait merveilleusement belle.
Puis madame de Fontmarcy avait présenté cette Claire de Larange, ce qui avait enlevé tout espoir à Émilie de rester pour toujours auprès de son cousin.
Le comble de la journée avait été lorsque cet intrigant personnage, Armand de Montreux, était venu la perturber. En repensant à cet instant où leurs regards étaient restés accrochés l’un à l’autre, elle éprouva un drôle de sentiment.
Il lui semblait avoir du mépris et en même temps de l’admiration pour ce capitaine de Montreux. Qui était-il vraiment, au fond ? Était-il ce personnage sarcastique qu’il voulait bien laisser paraître ou avait-il des intentions plus nobles ?
Il fallait qu’elle le rencontre une nouvelle fois pour se faire une opinion du caractère réel de ce chevalier.
— Pour une fois ma tante a raison, je vais aller me coucher. J’y repenserai demain, se dit-elle.
Elle ferma le livre et le déposa exactement à l’endroit où elle l’avait pris. Elle s’enveloppa de son châle et sortit de la bibliothèque, la bougie à la main.
Il lui semblait entendre des voix qui venaient de la cour. Aussitôt sortie du couloir, elle éteignit la bougie.
La lune était assez ronde et lumineuse pour éclairer le couloir et elle ne voulait pas risquer de faire remarquer sa présence. Elle tira un des rideaux rouges de la fenêtre, à côté de l’entrée. Quelle ne fut pas sa surprise de voir Armand de Montreux discuter avec Benoit, le palefrenier.
— J’en parlerai avec madame, m’sieur Armand. C’est vrai, ce cheval est vraiment un étalon. J’peux pas m’permettre de vous dire que c’est sûr, mais bon, j’crois qu’madame veut l’vendre de toute façon. On n’a pas de quoi s’occuper d’un cheval de ce genre, ici. Il faudrait une personne plus jeune que moi pour le dresser, il est rebelle.
— Oui, je comprends, répondit Armand.
Armand leva les yeux vers la porte d’entrée lorsqu’il entendit le grincement qu’elle produisait.
Il fut agréablement surpris de voir Émilie se tenir à son seuil. Elle descendit le rejoindre.
— Nous en reparlerons demain, monsieur Gaumont. Il est temps pour moi de prendre congé et de rentrer.
Cette situation amusa le palefrenier.
En passant à côté d’Émilie, il lui glissa à l’oreille :
— Vous n’inquiétez pas, mademoiselle Émilie. J’dirai rien. Mais restez discrète surtout. Puis il disparut dans le chemin qui menait à la ferme.
Avec un sourire taquin qu’il avait bien du mal à dissimuler, Armand lança à Émilie :
— Une jeune fille de votre âge devrait être couchée à cette heure. Vous êtes décidément très imprudente, Émilie.
— Je sais ce que je fais, monsieur. De toute façon, je n’arriverai pas à fermer un œil cette nuit.
— Eh bien, pourquoi donc ? Ma compagnie cet après-midi vous a-t-elle tellement perturbée au point d’en troubler votre sommeil ?
— Oh ! ne rêvez pas trop, Armand. Vos propos confirment ce que je pense de vous.
— Je vous ai dit aujourd’hui ce que je pensais de vous. Alors, dites-moi Émilie, que pensez-vous de moi ?
— Que vous êtes un goujat, sans cœur, qui se joue des sentiments des femmes.
— Pensez-vous que j’aurais un seul instant osé jouer avec vos sentiments, ma chère ? Vous divaguez. Je voulais simplement être poli en vous invitant à danser et m’excuser de l’attitude que j’avais eue l’autre jour.
— Vous m’écœurez, monsieur.
— Vous n’êtes qu’une enfant Émilie. Je n’oserai pas jouer avec vos sentiments, voyons.
Émilie lui répondit, dans une colère noire :
— Je suis une femme, Armand, je ne suis plus une petite fille.
Armand, devenu plus sérieux, la prit brusquement par la taille :
— Alors, prouvez-le !
Il l’embrassa d’un baiser passionné. C’était pour Émilie, son tout premier baiser. Son cœur se mit à battre la chamade et elle se laissa aller, dans les bras d’Armand. Quand ils eurent terminé leur longue et enivrante étreinte, Armand monta sur son cheval et s’en alla sans dire un mot et sans regarder Émilie.
— Où pourrai-je vous revoir, Armand ? lui cria Émilie.
Parmi le vacarme des galops, elle entendit hurler Armand :
— Versailles, ma chère. À Versailles, là où sont tous les hommes de mon rang !