La Justice des ombres

20,50 €

BROCHÉ 

Antoine Maire

Quantité

    Un réseau de nouveaux justiciers élimine des criminels auteurs d'atrocités.

    Mais dans leurs quêtes, violentes et viscérales, ils ne font qu'accentuer le vice. Les autorités se mettent alors sur leurs traces afin de stopper leurs actions…

Fiche technique

Auteur
Antoine Maire
Genre
Roman
Nombre de pages
192
Dimension
152x229
ISBN
978-2-38460-060-1
Date de parution
mars 2023

Verdun-sur-Meuse, 20h39.

Il marche rapidement. Est-ce le froid particulièrement intense de ce mois de novembre qui lui fait presser le pas ? Ou la simple envie de retrouver son domicile cosy au plus vite ? Il arpente cette rue étroite et éclairée sommairement par quelques lampadaires désuets. Il va rejoindre à pied comme à son habitude son immeuble situé à quelques encablures de là. Il vient de quitter le restaurant dans lequel il a ses habitudes. Il y a dîné seul encore une fois. Cet homme taciturne apprécie la solitude mais celle-ci lui pèse atrocement ces derniers temps. La nuit est déjà bien noire en ce début de soirée. Il s’amuse à regarder son ombre défiler, apparaître et disparaître à la faveur des éclairages publics. Il est comme ça Monsieur Parsan, prompt à dénicher chaque petit moment poétique que lui offre la vie et qui le rend heureux en somme. 

Soudainement d’autres ombres se mêlent aux siennes. Il tourne la tête à droite du côté d’un escalier abrupt qui permet d’accéder au monument aux morts un peu plus haut. Deux hommes aux visages dissimulés par des tours de cou et des capuches grises accourent dans son dos. Ils fondent sur lui sans lui laisser la moindre chance de s’échapper. Et pas même de réagir.

Bousculé à terre, les coups pleuvent abondamment avec une violence inouïe. L’instituteur ne comprend pas ce qui lui arrive et, tétanisé, il n’arrive pas à alerter le voisinage. Il se demande à ce moment-là ce qui l’a poussé à ne pas rester terré chez lui, à attendre que la tempête passe comme un animal apeuré. Il était certainement venu chercher un peu de chaleur humaine dans ce petit restaurant de quartier à l’atmosphère intimiste et à la cuisine française reconnue au-delà des limites de la ville.

Maintenant il se trouve dans une situation tragique dont l’issue funeste se dessine au fur et à mesure qu’il reçoit les chocs métalliques sur tout son corps, au plus profond de sa chair et de son être. L’un des bourreaux manie sa matraque télescopique avec précision et ne retient aucunement ses gestes. Au contraire il appuie ceux-ci avec acharnement et frénésie.  L’autre fait le guet. Il est agité et tourne la tête dans tous les sens, à l’affut. Après quelques secondes qui lui paraissent des heures, l’instituteur gît sur le sol, la face contre terre et le goût du sang chaud qui s’enfuit de sa bouche. Le liquide épais dévale la rue gelée des « Vieux Pavés » en une flaque visqueuse. Est-ce dans cet endroit banal qui sent l’urine de chien et de fêtards du week-end qu’il vit ses tout derniers instants ? Il tente de se remettre debout, sans succès. Il se tient maintenant le buste relevé, les jambes pliées, les genoux sur le sol humide. Ses mains flottent dans les airs comme boucliers futiles des prochains coups à venir et que son corps appréhende déjà. 

Un des agresseurs lui fait face. L’autre se positionne derrière lui et sort de son sac à dos une baïonnette, de celle dont les poilus de la grande guerre se servaient. Il l’enfonce lentement dans la chair de sa victime au niveau de l’omoplate gauche. Lentement comme pour mieux profiter de l’instant et de la souffrance atroce que cette torture fait endurer à sa proie. Manifestement Yannick Parsan ne mérite pas un coup de grâce aux yeux de son tortionnaire. La mise à mort n’est peut-être pas le but de cette expédition. Le supplicié émet un cri d’une rare intensité, étranglé dans sa gorge nouée. Celui d’une détresse profonde. Celui de la terreur. Celui d’un homme qui se voit mourir et qui ne peut rien faire pour l’empêcher. Celui des dernières respirations. Dans son oreille droite il entend dans un souffle humide ces quelques mots, « Ainsi est notre justice »

 

Commentaires (0)