La Légende de Mygnopale

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BROCHÉ 

Richard Betsch

Quantité

Fiche technique

Auteur
Richard Betsch
Genre
Roman
Nombre de pages
295
Dimension
152x229
ISBN
978-2-38460-030-4
Date de parution
mai 2022

        Pendant qu’elle le relisait une deuxième fois, Dharc l’avait fixée avec une étrange intensité.

   Qu’est-ce que c’est que cette ânerie, avait-elle demandé ?

   Mon père croit fermement à cette cochonnerie et depuis qu’il t’a recueillie, il ne pense qu’à cette stupide prophétie.

   Tu veux dire qu’il compte m’envoyer en sacrifice dans la gueule du dragon de feu ?

   Cette créature n’existe pas.

   Alors, où est le mal ?

   Le volcan des fins fonds existe bien, lui. C’est un lieu dans lequel on ne peut trouver que la mort. Il fera tout pour que tu t’y rendes.

   Mais comment pourrait-il m’y obliger ?

   Ses connaissances en magie peuvent lui donner de grands pouvoirs.

   Tu veux dire comme quand il fait rentrer les chèvres de la vieille Tina à la langue pendue sans bouger ? Comme s’il lui suffisait de le penser très fort?

   Exactement.

   Mais Dharc, il est notre père…

    Son ambition est très malsaine et je ne veux pas te perdre.

       Il avait dit ces mots sans réfléchir mais fut soulagé de les avoir prononcés. Stël se rappelait parfaitement quand le jeune garçon s’était placé face à elle et lui avait délicatement posé les mains sur ses épaules.

   On va fuir, lui avait-il dit. Il nous reste huit ans avant qu’il ne t’envoie au cœur du volcan des fins fonds. Ça nous laisse le temps de bien préparer notre fuite et notre avenir.

   Dharc, que dis-tu là ?

   Ne sens-tu pas comme nous sommes liés ?

       La jeune fille avait fermé les yeux.

   Si, je le sens.

   Si on ne s’enfuit pas, Viahm nous séparera et de la plus cruelle façon qui soit.

   Tout ça me dépasse un peu mais je sais que tu as raison, je le sens. Ne me laisse pas Dharc.

   Ils s’étaient enlacés tendrement.

   Je ne te quitterai jamais, petite sœur.

     Stël avait relevé légèrement la tête pour plonger son regard hypnotique, que lui seul semblait pouvoir supporter, jusqu’au fond de son âme.

   Je n’aime pas quand tu m’appelles ainsi.

       Pour la première fois, ils s’étaient embrassés.

       Depuis ce jour, Stël et Dharc consacraient leur vie à préparer leur fuite. Le jeune garçon s’était subitement intéressé à la magie rouge puis à la magie blanche.

       Son père lui enseigna les rudiments de la première avec fierté, mais c’était par l’étude d’ouvrages spécialisés qu’il se perfectionna dans la seconde.

Stël, quant à elle, se lança dans les arts du combat à l’épée.

       Heureux de cette passion pour les armes blanches, et convaincu que cela servirait à la jeune fille le jour où elle devrait se rendre dans l’antre du dragon de feu, Viahm l’encouragea dans son désir et lui permit de bénéficier de l’enseignement de différents maîtres d’armes.

       Il avait dépensé beaucoup d’or dans cette entreprise mais visiblement, il avait toujours été convaincu que l’investissement en valait la chandelle.

       En sept années, elle était devenue une redoutable combattante. Armée de ses deux cimeterres, elle était capable de désarmer dix hommes sans les blesser et de les tenir à distance.

       Dharc était, de son côté, un magicien expert en magie rouge et blanche.

       Ses connaissances et son talent étaient bien supérieurs à ce qu’il laissait paraître. Il était capable d’influencer les animaux, d’utiliser le pouvoir des arbres, d’agir sur les vents, de détruire ou de préserver.

Peu de magiciens de son âge pouvaient se vanter de maîtriser autant de sortilèges.

La seule force qui les avait motivés durant toutes ces années et qui leur permit d’accéder à une telle maîtrise de leur discipline n’était autre que l’amour qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre.

Une force capable de renverser les lois fondamentales de l’univers. Durant sept années, ils s’étaient préparés en secret en vue de leur vie future, et cette vie commençait ce soir-là.

Stël rouvrit les yeux.

   Je ne veux pas qu’on nous sépare et je ne veux pas qu’on fasse du mal à notre enfant. Je suis heureuse car, à partir de cet instant, nous n’avons plus à cacher notre amour. Ne perdons pas de temps.

En quelques secondes, la jeune femme avait retrouvé la détermination qui l’avait habitée durant toutes ces années. Sa nouvelle vie commençait en l’instant… Sa troisième.

Un frisson la fit hoqueter. Les jeunes gens s’embrassèrent puis ils s’emparèrent de leurs baluchons renfermant le peu d’affaires qu’ils emmenaient avant de s’enfoncer dans la nuit, main dans la main, sans se retourner, sans aucun regret.

 

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