Remords Vivants

20,50 €

BROCHÉ 

Gianmarco Toto

Quand un virus échappant à tout contrôle, métamorphose les adultes en prédateurs sanguinaires, une poignée de rescapés s’organisent pour sauver leur famille d’une éventuelle extinction.

Un ex-champion cycliste, un pompiste et son fils, un couple de restaurateurs, un cadre d’entreprise et sa collègue, deux institutrices ainsi qu’un autiste et un pianiste, composent avec leurs différences, leurs regrets et leur amertume pour déjouer les desseins d’un complot machiavélique et faire face à l’adversité d’un nouveau monde.

Pour subsister, Ils puisent alors au plus profond de leur être pour trouver plus qu’un espoir, une raison de vivre. Leur unique remède, une jeunesse, aux remords inutiles, mais bien vivante…

Fiche technique

Auteur
Gianmarco Toto
Genre
Roman
Nombre de pages
221
Dimension
152x229
ISBN
978-2-38460-028-1
Date de parution
Mai 2022

      Il poussa la porte de la loge d’où la rumeur du public jaillit comme un flot.

— Ciel, ils sont bien agités ! C’est sans doute l’impatience d’applaudir l’enfant chéri de la ville. Allez ! Dépêche toi ! Je file. Lacour referma la pièce derrière lui. Il s’éloigna à petites enjambées rapides, dans le couloir.

— Tu sais ce qu’il te dit l’enfant chéri ? Pauvre lèche ! maugréa Gustave, à présent furieux. Il sortit à son tour des coulisses et rejoignit le plateau.

Ce dernier paraissait étrangement désert. Les quelques techniciens qui trainaient d’ordinaire entre les tentures de scène ne se trouvaient pas à leur place. Le pianiste n’en fit pas plus cas et préféra se concentrer sur le programme qu’il s’apprêtait à offrir à son auditoire. St Saens, Fauré, Rachmaninov composaient l’ensemble des partitions qu’ils connaissaient sur le bout des doigts. De l’autre côté des lourds tissus de velours rouge, le public semblait plutôt bruyant et indiscipliné. Gustave tendit machinalement l’oreille pour s’imprégner de cette ambiance chaotique. Il fut, toutefois, étonné de ne pas reconnaître ces quelques bribes de conversations. Il aimait surprendre les discussions des spectateurs du premier rang. Celles-ci ressemblaient plus à des gargouillis et des onomatopées qu’à des paroles compréhensibles. Il songea alors que peut-être l’idée de ce corniaud de Meyer était la bonne. Il s’installa face au clavier, prit une grande respiration et entama les premières notes d’une étude de Rachmaninov. L’effet fut immédiat. La salle demeura bruyante un instant puis se calma peu à peu. À présent, il attendait que ce maudit rideau de scène s’ouvre complètement, mais rien ne se produisit. Arrivé presque à la dixième portée de sa partition, il songea à tout stopper afin d’aller lui-même manipuler la commande en coulisse. Mais deux silhouettes sortirent de l’ombre. Un homme et une enfant se tenaient là, devant lui. Ils lui enjoignaient de ne surtout pas s’arrêter de jouer tout en fixant le velours rouge, avec un grand effroi. La petite fille regarda l’adulte qui l’accompagnait et lui fit signe de se diriger vers le boîtier des rideaux de scène puis elle s’approcha de Gustave intrigué par la présence des intrus.

— Qu’est-ce que tu fais là ? C’est interdit au public. Toi et ton père vous devriez retourner en salle…

     La belle enfant ne s’effaroucha pas du ton un peu autoritaire qu’empruntait l’artiste.

     Elle se contenta de poser un doigt sur ses lèvres pour lui intimer de faire silence

     Puis elle s’approcha de Gustave et chuchota à son oreille.

— Surtout, ne vous arrêtez pas de jouer du piano, Monsieur. Ils sont de l’autre côté et votre musique à l’air de les calmer. En tout cas, ils ne sont pas agressifs comme d’habitude. 

— Quoi ? Mais de quoi parles tu, petite ? Tu n’as rien à faire ici, je t’ai dit. Retourne à ta place.

— Chut. Ne parlez pas trop fort. S’ils vous entendent, ils deviendront violents. Attendez, mon ami va ouvrir le rideau et vous allez comprendre. Mais surtout, même s’ils vous font très peur, ne vous arrêtez pas de jouer du piano. Gustave sentit un malaise grandir en lui face à la terreur que l’enfant éprouvait. Cette dernière se tourna vers l’homme qui l’accompagnait et qui se tenait à présent près du boîtier de commande. Elle lui adressa un mouvement de tête et les lourds tissus tremblèrent avant de s'écarter sur une salle devenue l’antichambre de l’enfer. Des spectateurs à la peau de chiquetée, aux visages, aux corps tuméfiés et en sang, erraient comme des spectres sans vie, entre les fauteuils. Le pianiste eut un hoquet de surprise et faillit retirer, instinctivement, ses doigts du clavier pour se protéger devant tant d’horreur, mais les mains de l’enfant vinrent, tout de suite, se poser sur les siennes.

— Jouez, Monsieur, jouez ! Ne vous arrêtez surtout pas. Je vous en supplie, insistait la petite dont les joues ruisselaient de larmes incontrôlables.

     

Commentaires (1)
Note